Les Annales du Disque-Monde | Tome 29 : Le régiment monstrueux de Terry Pratchett

Arthour, c’est la guerre ! A la frontière, la Zlobénie et la Borogravie se disputent une énième fois leur territoire à cause d’une simple rivière qui flue et fluctue, ce qui brouille les cartes et les esprits religieux. Bref, tout va à vau-l’eau. Ajoutez à cela la prise d’une place forte par les Zlobènes, s’infiltrant à l’intérieur de la forteresse déguisée en lavandière, et vous obtiendrez un pays humilié et fier qui envoie ses recrues pour en découdre. Comme le frère de Margot, dont les lettres envoyées du front ne parviennent plus jusqu’à l’auberge de la Duchesse. Si les nouvelles ne viennent pas à elle, eh bien, c’est elle qui viendra aux nouvelles. Découvrez ci-dessous l’avis de lecture sur le tome 29 des Annales du Disque-Monde : le Régiment Monstrueux de Terry Pratchett.

 

Note : ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ / 5
Genre : Fantasy
Cycle : Les Annales du Disque-Monde
Tome : 29
Auteur : Terry Pratchett
Edition : Pocket
Couverture : Marc Simonetti
Nombre de pages : 512 pages

 

Résumé :

Le frère de Margot Barrette est parti au front et ne donne plus de nouvelles. Qu’à cela ne tienne, la jeune femme se déguise en homme et s’engage dans l’armée. Ce qui brave tous les interdits de son pays, la Borogravie, où les femmes n’ont même pas le droit de porter des pantalons… Voilà Margot plongée en pleine guerre, entourée par de nouvelles recrues tout aussi inexpérimentées qu’elle – dont un vampire, un troll et Igor – sous la houlette d’un caporal sadique. Ce monstrueux régiment saura-t-il vaincre l’ennemi ?

 

Thèmes :

Héroïne

Héroïne

Humour

Humour

Sororité

Sororité

Vampire

Vampire

Mort-Vivant

Mort-Vivant

 


 

Un récit rationnel

On aime Terry Pratchett pour son univers densément fantasque. Surtout lorsqu’il aborde avec un humour qui fait mouche les travers de notre société moderne. Dans le Régiment Monstrueux, j’ai été surprise par l’histoire rationnelle proposée, plus mesurée. Ô bien sûr le ridicule n’est jamais loin. Surtout quand l’escouade, composée d’un vampire, d’un troll et d’un mort-vivant, et inexpérimentée devient le dernier espoir de la Borogravie pour se sortir de ce pétrin. Mais l’auteur ne nous ménage pas, il évoque la guerre et n’en cache pas sa laideur.

Que se soient lorsque l’escouade découvre les cadavres des fermiers assassinés par des renégats en fuite, lorsque Jackrum parle avec regret de sa famille laissée derrière, ou quand Margot constate que le haut-commandement ment. Quelle bêtise de croire que le clan auquel on appartient gagne ; même si l’on perd, on gagne quand même. La troupe est frappée par la désertion, la famine, et l’exode. Mais aussi la propagande, le manque de matériel adéquat, voire même de café (pauvre Maladict !).

« Comme ça, tu te crois malin, Burette ? fil-il.
— Non, caporal.
— Oh ? Alors t’es bête, hein ?
— Ben je me suis engagé, caporal », dit humblement Margot.

 

Une émancipation relative

Si la cruelle vérité de la guerre nous saute aux yeux, que dire des droits et libertés de la femme ? En Borogravie, dans cette contrée querelleuse, fière et conservatrice, dont est originaire l’héroïne, l’égalité des sexes n’est pas la priorité nationale. Les femmes les plus fantasques ou indomptées, sont envoyées très jeune en maison de correction, pour y être normées (brisées ?). Comme il est triste de constater qu’en cela, à notre époque, la Borogravie existe bel et bien.

Sous la houlette du dieu Nuggan, qui n’aime ni le chocolat ni la couleur bleue, les femmes n’ont pas le droit de porter un pantalon. Pas le droit non plus de lire et encore moins de rejoindre l’armée. On se doute que le couperet tombera tôt ou tard pour Margot.

Mais cela ne l’empêche pas de se montrer brave, patriote, plus rusée que les hommes. Soldat déguisé en homme, elle effectue sans rechigner les tâches qu’on lui demande. Elle se défend même habillement, et piège l’ennemi de nombreuses fois. C’est une petite qui a de la ressource ! Et on ne doute pas qu’elle saura guider son frère dans la gestion de La Duchesse le moment venu.

 

Une affaire de chaussette

Dans le Régiment Monstrueux, l’humour est plus subtil que dans les autres tomes du Disque-Monde. Le livre dépeint la manière absurde dont les hommes et les femmes se perçoivent. Car Margot ignore tout des hommes, et donc comment se comporter comme tel. Si elle rote, pète, tape sur l’épaule d’un camarade et place une paire de chaussettes au bon endroit, alors peut-être que le subterfuge prendra. Rah et quelle paire de chaussettes… Le comique de répétition qui parsème le livre est truculent ! « C’é-était horrible chef ! Il y en a une qui a mis la main… à… à mes chaussettes ! ».

« Arrêter une bataille est plus difficile que la déclencher. Pour la déclencher, il suffit de crier « à l’attaque », mais quand on veut l’arrêter, tout le monde est occupé. »

 

Un groupe différent et uni

Si les femmes rejoignent l’armée pour sauver leurs hommes, que dire alors lorsque le Lieutenant Blouse se travestit en femme pour les sauver tous ? Si ce dernier nous apparaît benêt lorsqu’il apprend à manier son épée au travers d’un manuel militaire, ou aveugle devant l’évidente nature de Margot, Blouse ne manque pas de tolérance et de ténacité pour défendre ceux qui lui ont fait confiance. Et « ils » furent nombreux : Igor, Maladict, Carborundum, Pignole, Chouffe, Biroute, L’Asperge, etc…

Enfin heureusement que le Sergent Jackrum était dans le coin, lui dont le nom fait trembler de la sentinelle au général de la Borogravie. Je me suis vite attachée à cette tête brûlée, pleine de jugeote, implacable, et dévouée envers ces jeunes recrues perdues.

 

Le mot de la fin

Le Régiment Monstrueux de Terry Pratchett délivre à mon sens une belle leçon sur la différence, ainsi que la force et l’unité d’un groupe, si hétéroclite soit-il. La fin m’a plu. Peut-être l’interpréterez-vous d’une toute autre manière, mes jeunes apprentis. Pour moi, elle évoque le choix de Margot de combattre pour cesser la guerre, d’arrêter ces médias d’influence, d’empêcher l’enrôlement de jeunes recrues envoyées sur l’autel de la gloire.

 

Citations les Annales du Disque-Monde | Tome 29 : Le régiment monstrueux de Terry Pratchett

« La Borogravie était un pays pacifique au milieu d’ennemis perfides, sournois et belliqueux. Ils étaient forcément perfides, sournois et belliqueux, sinon on ne se battrait pas contre eux, hein ? »

 

« Oublie que tu étais Margot. Pense que tu es un jeune homme, voilà l’important. Pète bruyamment avec la satisfaction d’avoir fait du bon travail, déplace-toi comme une marionnette dont on aurait coupé deux fils au hasard, ne serre jamais personne dans tes bras et, si tu croises un copain, flanque-lui un coup de poing. »

 

« Qu’est-qui se passe, chef ? Demanda Maladict. On dirait des réfugiés !
— De tels propos répandent la peur et le défaitisme ! S’écria le caporal Croume.
— Oh, vous voulez dire que ce sont des vacanciers qui partent tôt pour éviter les bouchons ? (…) »

 

« Tu me traites de malhonnête ? S’emporta le caporal.
— Disons que je ne rejette pas l’hypothèse que vous soyez honnête. (…) »

 

« Tous les vivres ont disparu, mais il y a des carottes et des panais dans un jardinet un peu plus bas à flanc de colline, dit Chouffe alors que tout le monde s’en repartait.
— Ce serait v-voler les morts, objecta Pignole.
— Ben, s’ils ne sont pas d’accord, ils n’ont qu’à s’y accrocher, non ? Dit Chouffe. Ils sont déjà sous terre ! ».

 

« (…) Quelqu’un peut me dire ce qu’on va faire maintenant ?
— Euh… enterrer le cadavre, hasarda Igorina.
— Ouais, mais jetez un oeil à ses souliers. Il a des p’tits pieds, et les Zlobènes sont bien mieux chaussés que nous.
— Voler les souliers d’un mort, chef ? S’étonna Pignole, encore sous le choc.
— Plus facile que piquer celles d’un vivant ! »

 

No Reviews

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *