Dune de Frank Herbert
15 heures
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Mes apprentis, nous partons aujourd’hui pour une aventure épique. Je vous invite à monter à bord du vaisseau qui nous mènera dans les étoiles. Nous entrons dans l’Imperium, le vaste empire galactique de l’Empereur Padishah Shaddam IV, à qui les maisons grandes ou mineures doivent allégeance. En plus de ces dernières, gravitent la Guilde spatiale (la SNCF de l’espace ayant le monopole total des trajets interstellaires), la CHOM (la corporation des marchands) et le Bene Gesserit (l’ordre des Révérendes Mères). Bien que partenaires, ces différentes entités n’hésitent pas à se mettre quelques bâtons dans les roues pour agrandir leurs richesses, surtout quand « l’Épice » est en jeu. Découvrez ci-dessous l’avis de lecture sur Dune de Frank Herbert.
Note : ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ / 5
Genre : Science-fiction
Cycle : Dune
Nombre : Tome 1
Auteur : Frank Herbert
Edition : Pocket
Couverture : Rémi Pépin
Nombre de pages : 832 pages
Résumé :
Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout, des sables à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert, et que tout l’univers convoite. Quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et changera le cours de l’Histoire. Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique : elles veulent créer un homme qui réunira tous les dons latents de l’espèce. Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l’Empire ?
Thèmes :
L’épice
Tout commence il y a plus de dix mille ans, à la fin du Jihad Butlérien, lorsque les humains se libérèrent des robots et machines pensantes qui les avaient asservis. Ces derniers devenus proscrits, les différentes organisations de l’Empire durent trouver des solutions pour palier à leur absence, dont « l’Épice » est au coeur de bien des processus. Cette puissante substance permet aux navigateurs de la Guilde spatiale de trouver leur chemin dans l’espace, rendant le trajet plus sûr, moins long, et donc plus lucratif. Pour les Bene Gesserit, elle permet de développer de nouvelles capacités psychiques. Pour d’autres, elle allonge la durée de vie. Pas étonnant que tout le monde en veuille ! Celui qui détient « l’Épice » détient le pouvoir.
Alors, quand la famille Atréides devient l’extracteur « d’Épice » officiel de l’Empire, le Duc Leto ne voit pas en cela une superbe promotion, mais plutôt une mise à mort secrètement orchestrée par l’Empereur, et son rival le Baron Vladimir Harkonnen. Quand on est l’une des Maisons les plus influentes et aimées du Landsraad, tout de suite ça fait des jaloux. À moins que ce ne soit pour…
Jeu politique et croyance mystique
Le Duc, sa dame Jessica, leur fils Paul et toute leur cour se rendent donc sur Arrakis, plus communément appelé Dune, une planète désertique et la seule source « d’Épice » connue de l’univers. Et là commence l’histoire, dans laquelle j’ai plongé totalement. La première partie du livre se concentre sur l’extraction de l’épice, les intrigues politiques, les trahisons et les tentatives d’assassinat dont la famille Atréides est victime, jusqu’à sa fin inéluctable. Vous découvrirez les autochtones locaux : le peuple Fremen, qui s’est adapté à la chaleur, aux vers des sables, et estime que toute eau est sacrée.
Vous comprendrez également, mes chers apprentis, la dangerosité et la puissance psychique et physique des Soeurs du Bene Gesserit, qui exercent un contrôle absolu sur la procréation et l’héritage génétique des Grandes Maisons. Ca ne vous rappelle pas une certaine Loge des Magiciennes ?
« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »
La seconde moitié du livre est quant à elle bien plus mystique. Cette fois, tout est centré sur la survie des personnages centraux, la naissance du Messie, et les coutumes Fremen. Les bandes de sables vous sembleront bien monotones, mes chers apprentis. Mais accrochez-vous, car passé quelques pages, nous partons de nouveau à la reconquête d’Arrakis !
Cette pause poétique amène le lecteur à réfléchir sur l’inconscient, la religion vue comme une arme destructrice et enrôleuse, l’écologie, les ressources naturelles indispensables à la survie, la nature, le contrôle génétique. L’auteur pousse tellement sa réflexion sur ces différents aspects que j’ai perdu le fil à certains moments. Vous trouverez tout au long du livre mes apprentis, des devises riches de sens qui font encore écho aujourd’hui.
Récit manichéen
Dune de Frank Herbert est tout de même très manichéen. Comment ne pas aimer les Atréides, que ce soit Luc ou Paul, eux qui sont si justes, bienveillants, et intelligents ? Ne pas détester le Baron Harkonnen, si répugnant et mauvais ? Ou se méfier de l’Empereur ? Comment ne pas admirer les Fremen pour leur résistance et leur force ? Ne pas craindre les Bene Gesserit lorsque l’on voit le contrôle que ces religieuses exercent ? Vous aussi aimeriez avoir comme second le trublion Gurney Halleck, le redoutable Duncan Idaho ou encore le Mentat Thufir Hawat. Les Atréides et leurs sujets sont attachants et loyaux. J’ai l’impression de suivre Ned Stark et les siens.
Ce parallèle féodal m’a bien plu ; ainsi on arrive à bien identifier qui mange qui dans la chaîne alimentaire. Cela permet également d’avoir une base connue afin de mieux appréhender l’univers complexe de l’auteur. Ce dernier a créé une telle mythologie détaillée que le champ lexical utilisé demande une grande implication au lecteur. Heureusement qu’il y a le lexique en fin de livre pour se remémorer la définition de certains concepts.
Le mot de la fin
Chers apprentis, notre vaisseau se pose sur Arrakis. Dune de Frank Herbert est sans conteste une lecture marquante, une grande saga au même titre que le Trône de Fer ou le Seigneur des Anneaux au dénouement puissant.
Citations Dune de Frank Herbert
« [Hawat] « Mais, dis-moi, qu’a donc encore bavé cette vieille fontaine de sagesse ? » (…)
[Paul] « Elle m’a demandé de lui dire ce que signifiait : gouverner. Je lui ai répondu que cela signifiait le commandement d’un seul. Elle m’a dit alors qu’il fallait que je désapprenne certaines choses. »
Elle a marqué un point, ici, pensa Hawat. Et il inclina la tête pour inviter Paul à poursuivre.
« Elle m’a dit aussi que celui qui gouverne doit apprendre à convaincre et non à obliger. Et aussi qu’il doit construire l’âtre le plus chaud afin d’attirer auprès de lui les meilleures hommes. » »
« Lorsque la religion et la politique voyagent dans le même chariot, les voyageurs pensent que rien ne peut les arrêter. Ils vont de plus en plus vite. Ils oublient alors qu’un précipice se révèle toujours trop tard. »
« Le bon combattant au couteau doit penser simultanément à la pointe, à la lame et à sa garde. La pointe peut trancher, la lame peut percer et la garde peut aussi bien prendre au piège la lame de l’adversaire. »
« Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon oeil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi. »
« Un temps pour avoir, un temps pour perdre. […] Un temps pour garder, un temps pour rejeter ; un temps pour aimer, un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, un temps pour la paix. »
« Celui qui commande, songeait-il, doit toujours paraître confiant. Cette foi est comme un fardeau sur mes épaules. Je suis devant le danger et je ne dois pas le montrer. »
« Si les voeux étaient des poissons, murmura-t-il, nous lancerions tous des filets. »
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