La servante écarlate de Margaret Atwood

A la naissance de son enfant, une mère acquiert une force animale et une détermination inébranlable pour protéger et aimer son sang. Rien n’est plus dangereux qu’une mère dont on menace et enlève le petit. Cela fait partie de notre identité primaire. Peu importe le temps. Peu importe l’époque. Et même dans une société civilisée. Alors qu’elle espérait passer la frontière canadienne avec sa fille et son mari, fuyant l’état d’urgence et la chute de la démocratie, June est séparée des siens et emmenée de force au Centre Rouge. Désormais, ses droits et ses libertés ne sont plus qu’un lointain souvenir. Son devoir à présent ? Créer et porter la vie pour autrui. Découvrez ci-dessous l’avis de lecture sur La servante écarlate de Margaret Atwood.

 

Note : ⭐️⭐️⭐️⭐️ / 5
Genre : Dystopie
Cycle : La servante écarlate
Nombre : –
Auteur : Margaret Atwood
Edition : Pavillons Poche Robert Laffont
Couverture :
Nombre de pages : 521 pages

 

Résumé :

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d’autres à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

 

Thèmes :

Héroïne

Héroïne

Religion

Religion

Sororité

Sororité

 


 

Welcome to Gilead

« C’était après la catastrophe, quand ils ont abattu le président, mitraillé le congrès et que les militaires ont déclaré l’état d’urgence ». Suite à une catastrophe environnementale causant la chute de la natalité, les Etats-Unis d’Amérique n’existent plus. Du chaos est né Gilead, un régime despotique aux sombres mœurs religieuses, uniquement dirigé par des hommes pieux et puissants. Ces derniers classent les femmes en trois catégories : les Epouses stériles en mal d’enfant, les Marthas qui nourrissent et soignent la maisonnée, et les Servantes fécondes considérées comme des réceptacles à remplir lors d’un rituel privé, où l’amour et le désir sont absents.

 

Un dogme despotique

Gilead vous plongera dans un quotidien glaçant, où la surveillance et la suspicion sont totales. Faites bien attention, mes jeunes apprentis, car les Yeux vous auront à l’œil, tout comme les Servantes. Car comme dirait mon apprenti Yoda « toujours par deux elles vont, ni plus, ni moins ». A mesure que vous tournerez les pages, la peur ne vous lâchera plus. Peur de la délation, des arrestations, des exécutions. D’ailleurs, les parias sont juste devant vous, pendus sur la place, à gauche de la supérette de viandes et de légumes où l’on n’achète qu’avec des tickets de rationnement. Enfin, peur de la déportation. Pour celles et eux, incapables de s’intégrer et d’obéir, les colonies sont le lieu idéal pour rejoindre les vieillards en fin de vie.

Cette société, au dogme despotique et fanatique qui ne tourne qu’autour de la procréation, n’hésite pas à violer, à emprisonner, à manipuler des femmes fertiles pour préserver le genre humain. Au nom de l’enjeu national… Ça fait froid dans le dos, j’vous le dis !

Cela étant, malgré les règles strictes, chaque personnage finit par les contourner et les enfreindre pour goûter de nouveau à la liberté. Que ce soit grâce au marché noir ou à May Day, une organisation clandestine qui cherche à renverser le régime en place, chacun tente de trouver un peu de bonheur. Par exemple, durant la nuit, le Commandant invite l’héroïne à jouer aux scrabbles alors que la lecture et l’écriture sont interdites aux femmes, scrutant intensément Defred, espérant se faire désirer par elle. Serena lui donne une cigarette, et l’autorise à aller chercher une allumette à la cuisine alors qu’elle pourrait mettre le feu à la maison tout entière. Quant à Nick, eh bien, il l’invite à partager son lit, lui assurant un moment de normalité et d’intimité.

 

« Ignorer n’est pas la même chose que l’ignorance, il faut se donner de la peine pour y arriver. »

 

Absence de sentiments

Ce que j’ai aimé chez Defred, c’est sa lucidité sur les rapports homme / femme. Pour survivre dans ce système, procréer n’est devenu pour elle qu’une simple transaction, sans amour ni attachement. Il faut dire qu’elle a tout perdu : sa fille, son mari, sa meilleure amie, son travail, son foyer. Il ne lui reste que son intelligence et son corps comme monnaie d’échange. C’est terrible de voir comme elle joue sa vie, à chaque instant. Que feront-ils d’elle si elle ne tombe pas enceinte ? Si elle n’atteint pas son terme ? Et si l’enfant meurt ? Ou si elle se confie ? Si elle résiste ? Heureusement, Defred trouve en Nick, une lumière qui éclaire cet océan de ténèbres. A ses côtés, elle redevient qui elle était, elle lui dit son véritable nom, elle se sent désirée, vivante, presque sauve.

Une série à succès

Si certains lecteurs reprocheront au livre un manque d’action certain, j’ai pour ma part été séduit par les dialogues et les scènes à la fois fluides et imagées. Mais peut-être est-ce aussi parce que je connais la série télévisée du même nom, magnifiquement interprétée par l’incroyable Elisabeth Moss dans le rôle de Defred. L’adaptation est fidèle, et je dirais même qu’elle dépasse même l’œuvre originelle au fur et à mesure des saisons, tant le scénario et l’évolution des personnages sont logiques. Je vous la conseille vivement !

Comme dans la série, le roman nous plonge dans les souvenirs de Defred. Mais ce qui fait la force de l’un fait malheureusement la faiblesse de l’autre. Les flashbacks hachent cruellement la narration ; nous passons des souvenirs de sa « première vie » à des moments au Centre Rouge, pour revenir dans le salon lors de la cérémonie. C’est déconcertant et parfois dérangeant. Autant vous y habituer !

 

Le mot de la fin

Écrit en 1985, La servante écarlate de Margaret Atwood est une œuvre dystopique intemporelle, où la limite entre fiction et réalité paraît encore aujourd’hui bien mince. Surtout quand l’on voit que le droit à l’avortement est désormais proscrits dans certains états des Etats-Unis, en 2022. Si vous souhaitez poursuivre le combat, la suite de La servante écarlate, intitulé Les Testaments, vous montrera les limites de Gilead et, qui sait, peut-être sa chute.

 

 

Citations de La servante écarlate de Margaret Atwood

« Je sais où je suis, qui je suis, et le jour que nous sommes : tels sont les tests, et je suis saine d’esprit. La santé mentale est un bien précieux. Je l’économise comme les gens économisaient jadis de l’argent, pour en avoir suffisamment, le moment venu. »

 

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