Les Annales du Disque-Monde | Tome 11 : Le Faucheur de Terry Pratchett
Comment devient-on mort-vivant ? Tel sera l’intitulé de notre cours aujourd’hui. Oui, Victor ? Quel genre de mort-vivants ? Eh bien ma foi, fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Faites votre choix, mon garçon. Peut-on créer un mort-vivant ? Ma foi, vous m’en posez des questions… En tout cas, il est clair que tout ceci commence avec la mort. Ou plutôt La Mort. Et à ce propos, je connais un livre qui nous dira comment tout ceci a commencé. Bienvenue dans le Disque-Monde, mes chers apprentis. Découvrez ci-dessous l’avis de lecture sur le tome 11 des Annales du Disque-Monde : Le Faucheur de Terry Pratchett.
🚨 Si vous souhaitez lire le cycle dédié à la Mort, je vous invite à commencer par Mortimer.
Note : 4
Genre : Fantasy
Cycle : Les Annales du Disque-Monde
Tome : 11
Auteur : Terry Pratchett
Edition : Pocket
Couverture : Marc Simonetti
Nombre de pages : 448 pages
Résumé :
Fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Les morts vivants se multiplient. Car une catastrophe frappe le Disque-Monde : la Mort est porté disparu (oui, la Mort est un mâle, un mâle nécessaire). Plus moyen de défunter correctement. Fini le repos éternel et bien mérité ! Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel. Et pendant ce temps-là, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité.
Thèmes :
Déséquilibre cosmique
Après des années de bons et loyaux services, voici que la Mort est démis de ses fonctions. Chose incroyable, il* dispose désormais… de temps ! Il se sent plus vivant que jamais et compte bien profiter du peu qu’il lui reste, avant que la nouvelle faucheuse vienne le cueillir. Mais attendez… Si la Mort prend une retraite anticipée, qui guidera les âmes égarées vers l’au-delà ? Qui les fauchera à la date et l’heure convenue ? C’est qu’être entre les mains d’un tel professionnel a de quoi rassurer, au moment du trépas. Mais voilà, avec l’absence de la Mort, c’est tout le système mortuaire qui part en vrille. Comme les morts ne sont plus vraiment morts et s’accumulent, une monstrueuse force vitale grandit à Ankh-Morpork, permettant à des objets de prendre vie…
C’est dans ce déséquilibre cosmique que Vindelle Pounze, illustre mage de l’université de l’Invisible, voit son heure arriver. Et alors qu’il sent la vie le quitter, voilà qu’il se réveille pas si mort que cela. Ni une ni deux, ses confrères tentent de lui venir en aide, faisant preuve d’ingéniosité pour que leur ami soit bel et bien mort. Mais rien n’y fait, Vindelle est désormais un zombie. Désormais membre du club du nouveau départ aux côtés de vampires, croque-mitaine et homme-garou, le mage découvre que quelque chose cloche en ville. Que la force vitale accumulée n’anime pas seulement des chariots et des boules souvenir. C’est ainsi que Vindelle, l’Archichancelier, Crapahut, Madame Cake et autres morts-vivants feront tout pour arrêter ce monstrueux centre commercial…
« Mon père disait qu’il y avait la mort et les impôts, et que les impôts, c’était le pire, parce qu’au moins la mort vous tombait pas dessus tous les ans. »
Des magiciens barrés
Le Faucheur de Terry Pratchett se découpe en deux histoires bien distinctes qui s’alternent et peinent à se mélanger : celle de La Mort et de Vindelle. Cette dernière est bien plus rythmée et drôle que la première. Les passages avec les mages sont à mourir de rire. Comment ne pas se bidonner lorsque l’archichancelier, l’économe, le major de promo, le doyen, et l’assistant des runes modernes enterrent Vindelle au croisement d’un carrefour, créant un bordel sans nom. Quant à la Mort, son histoire est intéressante mais clairement en dessous de celle narrée dans Mortimer.
Même si ce livre fait partie du cycle de la Mort, j’ai eu davantage l’impression qu’il appartenait à celui des mages et de Rincevent. Alors qu’Ankh-Morpork est sans dessus-dessous, la Mort ou plutôt Pierre Porte décide de travailler dans les champs de mademoiselle Trottemenu, où il* se sent plus humain que jamais. À l’inverse, cette partie est plus centrée dans la réflexion que dans l’action, et m’a paru bien long. Ce qui sauve l’histoire à mon sens est l’amitié qui se développe entre Pierre et mademoiselle Trottemenu. Quant à la fin du livre mes apprentis, je peine à vous en parler tellement elle est émouvante. D’ailleurs, la Mort ne serait-il* pas tombé un peu amoureux de cette petite dame ?
Lire un Pratchett est pour moi un traitement anti-morosité. C’est loufoque, subtil, intelligent, anglais quoi. L’auteur arrive toujours de manière très légère à nous questionner sur des travers de notre société. Quant aux dialogues, ils sont si drôles que je vous mets au défi de ne pas sourire. Patrick Couton, traducteur de l’œuvre de Pratchett, fait à chaque fois un travail incroyable et grâce à lui, mes chers apprentis, vous n’aurez aucun mal à saisir certaines références culturelles ou autres subtilités. C’est d’ailleurs pas pour rien que ce monsieur a obtenu le grand prix de l’imaginaire en 1998 pour l’ensemble de ses traductions. Faut dire qu’avec Pratchett y’a tout de même du boulot.
Le mot de la fin
Hélas, notre cours s’arrête ici. J’espère que ceci vous donnera matière à réflexion, monsieur Frankenstein. Cet épisode est le second livre de la Mort que je dévore, et bien qu’il soit un peu en dessous de ce que j’ai lu précédemment, j’ai pris un immense plaisir à replonger dans les annales du Disque-Monde. Je ne cesse de vous le dire, lire un Pratchett est l’assurance de passer un bon moment. Et puis vous savez ce qu’on dit ? Ce sont dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
*Bien sûr dans le Disque-Monde, la Mort est un mâle (nécessaire).
Citations Les Annales du Disque-Monde | Tome 11 : Le Faucheur de Terry Pratchett
« Mon père disait qu’il y avait la mort et les impôts, et que les impôts, c’était le pire, parce qu’au moins la mort vous tombait pas dessus tous les ans. »
« Les mages ne croient pas aux dieux, de la même façon que la plupart des gens ne jugent pas indispensable de croire, disons, aux tables. Ils savent qu’elles sont là, qu’elles ont leur raison d’être, ils reconnaissent sûrement qu’elles ont leur place dans un univers bien ordonné, mais ils ne voient pas l’intérêt de croire, de déclamer à tous les vents: « Ô grande table, sans qui nous ne sommes rien. » De toute façon, soit les dieux sont là, qu’on y croie ou non, soit ils n’existent qu’en fonction de la croyance, alors, n’importe comment, autant oublier toutes ces histoires et, comme qui dirait manger sur les genoux. »
« Ce n’est pas parce qu’une chose est une métaphore qu’elle n’est pas réelle. »
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