La Proie du Windigo de Mélanie Dufresne

Aujourd’hui, nous partons à la découverte de La Proie du Windigo de Mélanie Dufresne.

Résumé du livre :

La meute des Faoladh, ma famille adoptive, tente d’obtenir l’indépendance des créatures surnaturelles face à la lignée européenne des Rois-Mages. Je ne suis moi-même qu’une simple humaine et mes cours universitaires me laissent peu de temps pour penser à la politique. Mais les événements ont pris une tournure inattendue et je ne peux pas rester les bras croisés pendant que les vampires font du mal à un de mes proches. Et pourquoi? Parce que j’aurais supposément un lien avec le mythique Windigo?

Ils se trompent. Ou alors c’est moi qui suis dans l’erreur et ça pourrait bien me coûter plus que ma liberté. La Proie du Windigo est le premier tome d’une trilogie où se mélangent fantasy urbaine et folklore québécois. Mélanie Dufresne est une écrivaine québécoise de science-fiction et de fantasy.

Allo Mélanie ? Tu me reçois ? Satané portail… Moi qui pensais qu’avec l’installation de la fibre, ça serait plus stable… « Avec la fibre, ça s’équilibre ». Tu parles… Ah, c’est bon, je te reçois. Bonjour chère apprentie Outre-Atlantique. Tu es la première à suivre mes cours de Magie Très Longues Distances. Mais tu sais, entre nous, je regrette le temps où la magie se faisait en présentielle. On n’avait pas les mêmes problématiques.

Avant, lors d’un cours sur les créatures maléfiques, on avait des soucis de mutations, maintenant on a des problèmes de connexion. C’était le bon vieux temps… D’ailleurs, en parlant de monstres, tes petits camarades Européens ne connaissent pas forcément le Windigo. Peux-tu nous expliquer ce qu’est cette créature ? Comment te l’es-tu approprié ?

Bonjour Merlin, il semblerait que nous devions vivre avec notre temps, entre la terreur du micro ouvert ou celle de la caméra défectueuse… Chaque époque apporte son lot de frayeurs! Le windigo, ou wendigo, quant à lui, est une créature inspirée du folklore autochtone. Onze nations résident sur le territoire du Québec et si cette légende est populaire dans une bonne partie de l’Amérique du Nord, elle n’est pas nécessairement présente chez toutes ces nations. Il s’agit d’une malédiction, lancée par un shaman ou qui résulte des suites d’un acte cannibale. C’est principalement un conte de mise en garde contre le cannibalisme en temps de famine.

Le windigo est parfois décrit comme un être squelettique et décharné, ou alors comme une horrible bête démoniaque aux yeux de braise, et son appétit pour la chair humaine est insatiable. Il propage le froid et la pestilence sur son passage. Pour le vaincre, il s’agit de détruire son cœur de glace.

Dans La Proie du Windigo, c’est Karl Bragason, le descendant d’un conquérant Viking, qui a hérité de cette malédiction. Son père a été tué alors qu’il était âgé de 5 ans, et de l’avis de tous, il s’agissait d’un véritable monstre. Karl souhaite faire la lumière sur sa mort, car il espère retrouver sa mère, qui a disparu à la même époque. Animé par l’instinct de la chasse, il se transforme en énorme créature bipède, armée de griffes dignes d’un ours, avec une tête ornée de bois de cerf.

Si je ne me trompe pas, tu plonges tes aimables lecteurs dans une intrigue politique surnaturelle au cœur de Québec, ta ville natale, où la jeune héroïne de l’histoire semble y avoir une place de choix. Un vrai nid de vipères, dis-moi, ta bourgade. Comment l’étudiante va-t-elle évoluer dans ce décor si familier pour toi (mais tellement dépaysant pour nous autres touristes) ?

Il faut savoir que le Québec est animé par un esprit d’indépendance face au Canada anglais. Pas assez cependant pour que le vote passe en référendum (1980, 1995). Un jour, après avoir rencontré un des plus fervents militants de la cause, je me suis demandée quelle serait la position des créatures surnaturelles du Québec. Souhaiteraient-elles leur indépendance, elles aussi? Que revendiqueraient-elles?

J’ai donc regroupé mes légendes favorites, celles que nous avons l’habitude de lire dans les livres de fantasy urbaine : vampires, loups-garous, démons, dragons, mages et sorcières. Puis j’y ai ajouté les légendes québécoises : le Bonhomme Sept Heures, la Corriveau, le cheval-bâtisseur, la chasse-galerie et la Dame blanche. J’ai aussi trouvé de l’inspiration du côté du reste de l’Amérique et de l’Asie.

Dans cet univers, les habitants de la ville de Québec, et du monde en général, sont vaguement au courant de l’existence des créatures surnaturelles, mais c’est un peu comme les groupes criminalisés ou la mafia : personne n’en parle, on tourne la tête ou on ferme les yeux. Les créatures surnaturelles gardent un profil bas et vivent au milieu des simples humains de façon plus ou moins harmonieuse.

À la mort de ses parents, Ellie a été recueillie par les Faoladh, une meute de loups-garous héréditaires de souche irlandaise. Elle a été en coulisse du monde surnaturel toute sa vie. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que les circonstances qui ont entouré son adoption sont étroitement liées avec les intrigues politiques surnaturelles. Elle devra passer de spectatrice à participante, au risque de devenir une victime à son tour.

« La Proie du Windigo » est racontée à travers les yeux d’Ellie. Écrire un récit à la première personne permet d’approfondir les émotions et les choix du personnage mais n’apporte finalement qu’un seul point de vue. Quelles difficultés as-tu rencontré en procédant ainsi ?

C’est effectivement un exercice en soi, d’en révéler juste assez et de façon crédible, pour que le lecteur ait une expérience immersive et authentique. Comme auteur, je dois rendre justice à la voix d’Ellie, sans la trahir ni laisser la mienne la contaminer.

C’est aussi un excellent moyen de complexifier l’intrigue, car le personnage principal voit le monde à sa façon, avec ses a priori et son expérience. Ça donne lieu à des conflits aussi tangibles que ceux de notre quotidien, car notre interprétation du monde est souvent mise en relief par celle des autres.

L’écriture à la première personne est la principale forme que je travaille, elle me vient donc naturellement. Par contre, pour assouvir la curiosité de mon lectorat (et la mienne aussi, avouons-le), j’ai écrit des histoires courtes donnant la parole à des personnages secondaires du récit. C’est l’occasion d’explorer d’autres facettes de l’univers, d’autres voix, et faire la lumière sur des événements inconnus d’Ellie. J’offre ces histoires gratuitement aux abonnés de mon infolettre.

Je trouve vos expressions québécoises formidables. Tu nous en fais découvrir quelques-unes ? 🙂

J’ai récemment recruté des lecteurs de France pour m’aider à cibler les différences langagières dans mes romans et je remarque que plusieurs sont liées à la graphie, comme le canot qui s’écrit canoë de votre côté de l’Atlantique. D’autres différences sont liées à la faune, comme le grizzli (une sorte d’ours brun), ou encore à la culture.

Au Québec, nous avons des restaurants saisonniers qui servent de la friture et ils sont appelés des casse-croûte (c’est donc un lieu, et non un repas pour nous!). D’ailleurs, c’est là qu’on trouve les meilleures poutines; ce plat à base de frites, avec du fromage frais en grains, le tout recouvert de sauce brune. Comme j’adore manger, mes personnages se retrouvent souvent au restaurant!

Mais j’ai assez lâché mon fou (se laisser aller), je ne voudrais pas me faire passer un sapin (se faire réprimander) ou me faire accuser d’en beurrer épais (exagérer), alors je tire ma révérence! Merci de m’avoir accordé ce moment, Merlin.

Merci jeune apprentie pour cet échange 🙂

Retrouvez La Proie du Windigo de Mélanie Dufresne en version broché ou numérique juste ici 👇 :
https://www.amazon.ca/gp/product/B08GQFNTR2